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Channel: Star Wars –À voir et à manger
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The Mandalorian, Jon Favreau (Disney+)

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The Mandalorian est la première série majeure pour Disney+, le nouveau service de streaming du géant des médias, et c’est aussi la première série en images réelles qui se déroule dans l’univers de Star Wars. L’attente était grande, parce que la richesse de cet univers n’est plus à prouver et parce que le format en épisodes pouvait permettre de développer des histoires différentes et plus travaillées que dans un long-métrage. Hélas, la déception est à la hauteur de ces espoirs. Est-ce à cause de la trop grande main-mise de Disney ? Est-ce tout simplement une accumulation de mauvaises idées de la part de Jon Favreau et des scénaristes ? Quoi qu’il en soit, rien ne va dans cette première saison et heureusement que les huit épisodes sont courts, sinon on n’en viendrait même pas à bout. The Mandalorian oublie les fondamentaux et néglige son histoire principale et surtout ses personnages : la conclusion s’impose d’elle-même, on se désintéresse très vite de ce qui se passe et l’ennui n’est jamais loin. Désolant.

L’action se déroule cinq ans après la fin du Retour du Jedi, soit 25 ans avant Le Réveil de la Force. La série se place ainsi dans le cadre familier de la saga, mais sans y être tout à fait. Une position bien trouvée pour intéresser les spectateurs, sans avoir à reprendre des personnages connus et permettre malgré tout de sortir des sentiers battus. L’Empire galactique est tombé et la Nouvelle République lui a succédé, mais The Mandalorian se passe en-dehors de son cadre. Le personnage principal, « Mando », est un Mandalorien chasseur de prime. Il traque ses cibles qu’il ramène mortes ou vivantes pour récupérer de l’argent, et il repart ensuite en mission. Le pilote sert d’introduction, on le voit dans ses œuvres et sa réputation de guerrier extrêmement efficace est bien soulignée. L’intrigue principale se met en place quand sa mission consiste à récupérer un bébé, que la planète entière reconnaîtra comme étant de la même espèce que Yoda. Alors qu’il est censé le donner à ceux qui le cherchent sans discuter, Mando décide de passer outre et de partir avec le petit dans son vaisseau spatial. Toute cette première partie est peut-être un petit peu lente à se mettre en place, mais une série peut prendre son temps à introduire ses personnages et son cadre, ce n’est pas un problème. Ça le devient toutefois ici, quand la création de Jon Favreau ne décolle pas vraiment. On s’attend à ce que la découverte de « Baby Yoda » entraîne une course-poursuite inter-galactique et que les péripéties s’enchaînent. Sauf que non : Mando continue d’exécuter des petites missions à droite à gauche et l’histoire n’avance jamais. C’est forcément un choix des scénaristes et on peut imaginer qu’ils ont voulu adopter le schéma des feuilletons à l’ancienne, avec des épisodes quasiment indépendants les uns des autres. Ce n’est pas parce que c’est un choix que c’est une bonne idée pour autant. The Mandalorian n’a aucune structure d’ensemble, l’intrigue autour de l’enfant est trop mince pour intéresser et ce n’est qu’à la toute fin de la première saison que l’on entrevoit des pistes qui auraient pu faire une bonne série, mais c’est bien trop tard. Peut-être que Disney+ a voulu se contenter d’une introduction à une série qui décollera vraiment dans la deuxième saison ? C’est vrai que le service n’a pas grand-chose de plus à proposer et on peut comprendre qu’il faut entretenir le suspense, mais c’est contre-productif. À la fin de ces huit épisodes, on n’a plus du tout envie de voir la suite.

Et puis, même si l’on admettait que cette première saison a été pensée par ses créateurs comme une introduction, The Mandalorian souffre de beaucoup trop d’autres défauts. Outre l’absence d’histoire globale susceptible de maintenir l’intérêt du spectateur, la série de Disney+ n’a aucun personnage intéressant à offrir. Il y a des dizaines de personnages, certes, puisque chaque épisode renouvelle presque complètement le casting. C’est d’ailleurs un problème, on s’y perd un petit peu et surtout, on se fiche bien de ce qui arrive à ces histoires personnelles qui ne restent à l’écran que pendant 30 à 40 minutes dans toute la saison. Pour ne rien arranger, Jon Favreau n’évite pas les clichés faciles et même les caricatures grossières. Dans la première catégorie, classons le village de ~~Pocahontas~~ des chasseurs de crevettes bleues fluo avec les enfants qui gambadent dans les champs. Dans la deuxième, toute la séquence de la prison spatiale est à jeter, il n’y a rien à garder et certainement pas les personnages secondaires écrits à la hache. Depuis quand suffit-il d’un maquillage moche et d’un acteur qui grogne et ricane bêtement pour faire un bon personnage ? C’est la base et The Mandalorian se plante lamentablement sur ce point, même si le plus gênant est encore son héros. Les Mandaloriens n’ont jamais le droit d’enlever leur casque — This is the way — et Pedro Pascal, l’acteur, n’est jamais visible, enfin presque jamais puisqu’il y a une légère entorse à la règle. Le principe reste vrai malgré tout : on a un casque et non un visage pour notre personnage principal pendant toute la série. Autant dire que le jeu d’acteur est réduit au strict minimum et il ne reste que la voix pour transmettre des émotions1. Est-ce une mauvaise direction ou un mauvais jeu, toujours est-il que la voix de Mando n’est jamais expressive, si bien que l’on ne passionne à aucun moment pour lui. Ce n’est pas les flashbacks de son enfance, tragique forcément, qui vont améliorer la situation, au contraire même. En huit épisodes, The Mandalorian ne donne jamais envie de s’intéresser à lui et parvient même petit à petit à le rendre repoussant. On se fiche de ce qui lui arrive, et les tensions qui sont censées exister dans le dernier épisode sont artificielles et grossières.

Si l’on fait les comptes, The Mandalorian n’a pas d’intrigue d’ensemble et pas de personnage susceptible de nous intéresser. Que reste-t-il à la série créée par Jon Favreau ? Un petit bébé-tout-mignon, qui est certainement la seule véritable motivation de Disney derrière cette œuvre qui semble conçue uniquement pour mieux vendre des peluches dans les magasins du monde entier. À cet égard, c’est une réussite, le petit Yoda est mignon tout plein avec ses gros yeux noirs, et voilà pour le coup un personnage que l’on aurait envie de mieux connaître ! Malheureusement, ce n’était pas l’objectif dans cette première saison qui se contente la plupart du temps de le mettre dans un coin de l’écran pour bien nous rappeler qu’il est trop mignon (et en vente). C’est bien la seule chose que The Mandalorian réussit à faire correctement, tout le reste est au mieux sans intérêt, quand ce n’est pas carrément désagréable. On pourrait évoquer la musique lourdingue, les références appuyées au nazisme2, ou alors la séquence pour les fans sur Tatooïne qui ne semble exister que pour caser le maximum de clins d’œil et références. Non vraiment, rien ne va et c’est bien triste, l’univers imaginé par George Lucas méritait mieux.


  1. En passant, Disney+ aurait pu demander quelques conseils à Pixar. S’il y a bien un studio qui sait donner vie à des objets… 
  2. Werner Herzog n’est pas mauvais, mais dans le genre cliché, le méchant avec un léger accent allemand… et que dire de la moustache de Giancarlo Esposito, sérieusement ? 

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